La Biologie du Lapin
par François LEBAS
Directeur de Recherches honoraire de l'INRA
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- Squelette et Croissance musculaire

      Introduction sur les os du lapin  Introduction : les os principaux
      Os et croisdsance osseuse du lapin  Structure générale des os et croissance osseuse
      les muscles du lapion  Muscles et croissance musculaire
       
dernière révision de cette partie le 13 juin 2013

 

 

Introduction : les os principaux

 

 

 

Les os du squelette

 
Pour une description complète du squelette et de la musculature, il est conseillé de consulter les ouvrages spécialisés comme "l'Atlas d'Anatomie du Lapin" publié par Barone et al. (1973).
Par ailleurs, un article comme celui de Cantier et al. (1974) donne une correspondance entre les dénominations des muscles squelettiques adoptées par différents auteurs.


Les principaux os du squelette sont illustrés sur la figure 5 ci-contre (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Figure 5: Schéma du squelette d'un lapin
(d'après Barone et al., 1973)
Squelette d'un lapin
 

Le crâne et la dentition

 

 

 

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La figure 6 correspond à une section médiane du crâne dans le sens longitudinal. Il convient d'y remarquer l'ampleur des sinus nasaux qui occupent près du tiers du volume intérieur du crâne. Une vue latérale du crâne est illustrée par la figure 7

L'implantation des dents est illustrée sur la figure 8. Le lapin possède 2 paires d'incisives à la mâchoire supérieure et une seule à la mâchoire inférieure. Ceci a conduit très tôt les zoologistes à distinguer d'une part les lapins (et les lagomorphes en général) et d'autre part les rongeurs qui n'ont qu'une seule paire d'incisives à chaque mâchoire. Chez le lapin, la deuxième paire se place derrière la première qui la cache totalement. Les incisives sont entièrement revêtues d'une couche d'émail qui est plus mince en arrière qu'en avant; ceci permet au lapin d'affûter ses dents en biseaux en usant celles du haut contre celles du bas et réciproquement. Leur face antérieure porte un sillon longitudinal. Il n'y a pas de canines et un fort diastème sépare les incisives des prémolaires ( 3 + 2 paires) et des molaires ( 3 + 3 paires)

Figure 6: Coupe médiane du crâne d'un lapin
(d'après Barone et al., 1973)

crâne d'un lapin, vu en coupe longitidinale

cliquer sur l'image pour l'obtenir plein écran
(ou ici Le crâne d'un lapin vu en coupe (Grand format) pour une image encore 2 fois plus grande et donc plus lisible, mais dépassant un simple écran)

   
Figure 7 : Vue latérale externe du crâne du lapin
(d'après Barone et al., 1973)
Vue latérale externe des os du crâne d'un lapin

Figure 8 : Vue de l'implantation des dents chez le lapin. L'os a été dégagé pour laisser apparaître la base des dents (d'après Barone et al., 1973)
L'implantation des dents de lapin à croissance continue
   

Pour l'ensemble de la mâchoire, à la partie supérieure il y a donc deux paires d'incisives, 3 paires de prémolaires et 3 paires molaires. A la partie inférieure il y a 1 paire d'incisives, 2 paires de prémolaires et 3 paires de molaires, soit 28 dents en tout dont 26 seulement ont un rôle fonctionnel. Comme les dents de tous les lagomorphes, celles du lapin sont profondément insérées dans les mâchoires mais sans racine (figure 8). En effet, la croissance de toutes les dents est continue, durant toute la vie de l'animal. Une mesure de la vitesse de croissance des incisives a donné une valeur de 2 mm par semaine pour la mâchoire supérieure et de 2,4 mm pour la mâchoire inférieure. Celle des molaires et prémolaires (dites aussi dents "jugales") est beaucoup moins rapide et a été estimée à 2 mm par mois seulement (~ 4 fois moins rapide)

Enfin, signalons que la dentition de lait présente à la naissance des lapereaux (incisives et prémolaires) tombe aux environs du 18e jour après la naissance et est presque immédiatement remplacée par la dentition définitive.

 

 Les vertèbres et les os des membres




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  Au plan squelettique, l'ossature du lapin comprend 7 vertèbres cervicales, dont les deux premières sont l'atlas (portant la tête) et l'axis qui joue un rôle primordial dans la rotation de la tête. Les 12 vertèbres thoraciques portent les 12 côtes. Seules les 10 premières côtes sont reliées ventralement au sternum pour former la cage thoracique, les 2 dernières sont dites "flottantes". Les 7 vertèbres lombaires sont suivies par le sacrum. Ce dernier correspond à la fusion de 4 vertèbres sacrées. Il porte les os du bassin. Il est suivi par 15 vertèbres coccygiennes dont la dernière dizaine correspond à la queue du lapin.

Dans le membre antérieur, le radius et le cubitus (appelé aussi ulna, le plus long des 2 os de l'avant-bras) sont au contact l'un de l'autre mais sans fusion. Dans le membre postérieur, tibia et péroné ont par contre presque totalement fusionné dans leur partie distale. La partie libre de ce qui "reste" du péroné, est appelé fibule.

 Structure générale des os et croissance osseuse Les os présentent deux aspects structuraux bien distincts. A la périphérie, une "couche" dure et dense, c'est l'os compact. Au centre, creusé de petites cavités, c'est l'os spongieux. Compact ou spongieux, le tissu osseux adulte est de type lamellaire. L'architecture de l'os compact s'appuie sur une belle ordonnance de lamelles concentriques. Dans l'os spongieux, les lamelles osseuses forment un treillis de travées minces, irrégulière. A l'intérieur des os longs se trouve la moelle osseuse responsable de la fabrication des éléments figurés du sang et du système immunitaire : globules rouges, globules blancs et plaquettes.
 

Les cellules de l'os


             Ostéocytes  


            Ostéoblastes  


            Ostéoclastes  
 Trois types de cellules participent à la vie et au métabolisme du tissu osseux : les ostéocytes, les ostéoblastes, les ostéoclastes. Un réseau de vaisseaux sanguins assure leur alimentation.

Les ostéocytes sont des cellules emprisonnées dans la matrice osseuse mais qui communiquent entre elles par de fins prolongements connectés ensemble. Ces cellules sont des " mécano-récepteurs " sensibles aux variations de pression qui s'exercent sur la matrice osseuse.

Les ostéoblastes sont des cellules situées à la surface des travées osseuses. Leur rôle est de synthétiser les éléments de la matrice osseuse et de permettre sa calcification. Ces cellules communiquent entre elles et avec les ostéocytes de la matrice grâce à des systèmes de jonctions cellulaires spécialisées.

Les ostéoclastes sont des cellules possédant plusieurs noyaux. Elles résorbent localement la surface des travées osseuses sous forme de petites érosions à l'origine d'une zone ou encoche de résorption. Ces cellules ne sont pas reliées aux autres cellules osseuses par des jonctions mais sont couplées par des médiateurs solubles qui circulent d'une cellule à l'autre.
 La croissance du squelette  Le développement du squelette est initialement assuré par les points d'ossification (à partir de membranes fibreuses de cartilage). Ensuite, la croissance des os en diamètre et en épaisseur est assurée par le travail combiné des ostéoblastes et des ostéoclastes qui renouvellent continuellement la masse osseuse, avec une dominance de l'activité des ostéoblastes pendant la période de croissance. La croissance en longueur est assurée à partir du cartilage de conjugaison situé à la base de l'épiphyse de chaque os (ou plaque épiphysaire). La croissance en longueur est terminée, donc la taille du lapin est fixée, vers 140 à 150 jours lorsque la plaque épiphysaire est "fermée", c'est à dire qu'il y a disparition du cartilage de conjugaison, en grande partie sous l'action des hormones stéroïdes.

 Muscles et croissance musculaire



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Les masses musculaires quantitativement les plus importantes sont celles de la partie arrière du corps du lapin : râble et cuisses. Les muscles squelettiques ont pour fonction d'assurer les mouvements de l'animal. Ils ont donc 2 ou 3 points de fixation au squelette pour que leur contraction puisse engendrer un mouvement.
Du point de vue "boucher", le muscle ayant la masse la plus importante est le muscle longissimus dorsi. Au plan anatomique cette masse musculaire correspond à une succession de muscles différents, le long dorsal, le long épineux, et le muscle multifide dorsolombaire (longissimus lumborum).

Très divers quant à leur forme, leur taille et leur fonction, les muscles du squelette se caractérisent aussi par une forte hétérogénéité tissulaire. Le tissu nerveux (fibres motrices afférentes et fibres sensitives efférentes) assure le contrôle de la contraction et de la relaxation musculaire. Les vaisseaux sanguins assurent la fourniture des nutriments et de l'oxygène, et évacuent les produits du catabolisme musculaire. Les fibres musculaires constituent 75 à 90% du volume musculaire et représentent l'élément de base du muscle strié squelettique. Les fibres musculaires sont entourées d'une mince gaine de tissu conjonctif riche en collagène, l'endomysium (figure 9).

 

   Figure 9 : Structure schématique d'un muscle (d'après Gondret, 1997)

Les différentes parties d'un muscle fusiforme
 Les fibres musculaires Les fibres musculaires sont réunies en faisceaux primaires enveloppés d'une gaine conjonctive fine, le périmysium. Entre ces faisceaux primaires peuvent se trouver des cellules adipeuses appelées adipocytes intracellulaires. Les faisceaux primaires sont à leur tour tous regroupés en faisceaux secondaires enveloppés dans une gaine de périmysium plus épaisse. Enfin, l'épimysium regroupe tous les gros faisceaux secondaires pour former l'enveloppe du muscle lui-même.
Aux extrémités du muscle, cette trame conjonctive forme les tendons et les aponévroses assurant ainsi la liaison du muscle avec le squelette.

Enfin, le tissu aréolaire situé dans les espaces entre les fibres musculaires, forme un réseau intriqué prenant l'aspect d'un grillage élastique plus ou moins développé. Son rôle est de munir le muscle d'une charpente organisant les fibres musculaires, d'empaqueter les éléments nerveux et vasculaires et de présenter des surfaces lubrifiées nécessaires aux mouvements des fibres musculaires entres elles et des faisceaux entre eux.
 

Les fibres musculaires et myofibrilles

 

La fibre musculaire est une cellule allongée, tubulaire et plurinuclée. Elle constitue l'unité de base de l'activité motrice. La plus grande part du sarcoplasme de la cellule musculaire est occupée par des éléments contractiles : les myofibrilles.

Il existe 3 types des filaments distincts dans les myofibrilles. Les filaments épais (150 Å de diamètre) sont essentiellement composés de myosine. Les filaments fins (70 Å de diamètre) sont composés essentiellement d'actine. Ils contiennent également de la tropomyosine et le complexe troponine. Les filaments intermédiaires constituent un réseau de filaments longitudinaux et transversaux associés au sarcomère. Lorsque les faisceaux de fibres vont d'un bout à l'autre du muscle avec une direction parallèle à l'axe principal, le muscle est dit "fusiforme" (par exemple biceps femoris). Par contre lorsque les faisceaux forment un angle plus ou moins marqué par rapport à l'axe principal, le muscle est dit "penné" (exemple longissimus lumborum).

 Retour haut de page  La myosine et l'actine jouent un rôle central architectural et un rôle enzymatique clé dans la contraction musculaire au cours de laquelle l'énergie chimique (ATP) est transformée en énergie mécanique. La contraction musculaire correspond ainsi à un glissement des filaments fins d'actine entre les filaments épais de myosine. L'énergie nécessaire à la contraction provient de l'hydrolyse de l'ATP par l'ATPase myofibrillaire. Cet ATP est ensuite régénéré par un métabolisme aérobie ou anaérobie. En fonction de la vitesse de contraction des fibres au sein d'un muscle et du type majoritaire du métabolisme mis en œuvre pour régénérer l'ATP utilisé lors de la contraction, on a pu distinguer différents types de fibres.

Les caractéristiques fonctionnelles des différents types de fibres sont résumées au tableau 3. Compte tenu de la teneur très variable en myoglobine d'un type de fibre à l'autre et du fait que certains muscles sont constitués quasi uniquement de fibres d'un type donné, le lapin possède des muscles de couleur rouge ou complètement blanc.

 Les principaux types de fibres musculaires et leurs caractéristiques Tableau 3 : Caractéristiques des différents types de fibres musculaires
(d'après Gondret, 1997)

Caractères
Types de Fibres
I
IIA
IIX
IIB
Vitesse de contraction
lente
rapide
rapide
rapide
Résistance à la fatigue
+++
++
?
?
Surface de la plaque motrice
+
+++
?
+++
Réticulum sacoplasmique
+++
+++
?
+++
Tubules transverses
+
+++
?
+++
Couleur
rouge
rouge
blanc
blanc
Myoglobine
+++
+++
++
+
Densité des capillaires
+++
++
?
+
Nombre de mitochondries
+++
+++
++
+
Richesse en collagène
+++
++
?
++
Aire de section
+
++
+++
++++
Utilisation du glycogène
+
++
++
++++
Utilisation des lipides
+++
+++
?
+
ATPase myofibrillaire
+++
++
?
+
Hexokinase
+++
++
?
+
Phosphorylase
+
++
?
++
Enzymes de la glycolyse anaérobie
+
++
++
++
Enzymes oxydatives (aérobies)
+++
++
++
+
    
   
Biologie du Lapin - Fin du chapitre 3 " Squelette et croissance musculaire"
    
   
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